Samedi 29 mai
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20:26
Je suis allée, cette après-midi, découvrir les oeuvres de Xavier Duver.
Je dois admettre que l'invitation au voyage était difficile à refuser...
L'artiste a décris, avec passion, les procédés mis en oeuvre pour la réalisation de ces pièces d'exception.
Tandis qu'il parlait, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer ses mains pétrir l'argile pour créer les courbes généreuses de ses modèles. Les postures qu'il leur fait adopter révèlent toute leur
féminité, magnifiée.
Oui, ces sculptures m'ont émue. Et, alors que les pancartes rappelaient que ce plaisir là est réservé aux
yeux, il m'a paru très difficile de résister à l'envie d'effleurer ses corps. Ces sculptures sont pour moi une ode à la sensualité.
Peut être parce que je me sens parfois comme une pièce d'argile, qui ne révèle toute sa beauté que sous les
doigts, habiles, du sculpteur.
Par nécronomica
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Lundi 30 novembre
1
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18:32
Voilà plus d'un mois que je n'ai pas senti son emprise sur moi et nos petits intermèdes me manquent. Ce
temps, qui sait suspendre son cours lors de nos rencontres, semble aujourd'hui nous échapper.
Alors, il me vient ces vers de Charles Baudelaire, repris en chanson par Mylène Farmer.
Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi!
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;
Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote: Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!
Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto
memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encore vierge,
Où le Repentir même (oh! la dernière auberge!),
Où tout te dira Meurs, vieux lâche! il est trop tard!"
Par nécronomica
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Dimanche 1 novembre
7
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/11
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17:14
Ce soir là, je le rejoins après le travail.
A chaque fois que je franchis le seuil de son appartement, c'est pour moi une parenthèse qui s'ouvre. Quelques heures suspendues. S'il ne restait ces marques persistantes, cela pourrait n'être
qu'un rêve.
Des séquences se bousculent dans ma tête.
Je suis nue, à l'exception de mes bas. Une nudité qui s'impose, comme une évidence.
Là, il me fait descendre du canapé pour que je sois à ses pieds. Le ton est sans appel.
Ici, un prétexte, et les sangles du harnais qu'il ressert.
Là, un montage terriblement efficace. Mes poignets attachés. La morsure des pinces sur mes tétons. Et, une baguette en bois, qui rend les mouvements de mes mains particulièrement douloureux pour
mes seins.
Ici, une chaise, les bras immobilisés derrière le dossier, les cuisses très écartées et les chevilles liées ensembles sous l'assise.
Impuissante.
Offerte.
A ses caresses. A son regard. A ses tourments.
Et ces mots, qu'il murmure à mon oreille. Comme pour rendre la réalité plus palpable.
Plus tard, le baillon.
De toute façon, à ce stade, les gémissements restent mon seul mode de communication.
En ces instants, j'ai rêvé de privation sensorielle. Perte de la vue. Perte de l'ouïe. Se laisser glisser dans une autre dimension. Echapper à l'environnement. Ne plus pouvoir
anticiper.
Frissonner lorsque son souffle effleure ma nuque.
Laisser échapper un cri lorsque ses doigts pincent ma peau.
Sursauter lorsque la baguette se pose sur ma cuisse.
Par nécronomica
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Vendredi 30 octobre
5
30
/10
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19:37
Si je ne peux
nier beaucoup apprécier les liens de cuir, il me faut bien admettre également que ces objets qui allient la force du métal avec la beauté d'un bijou ne me laissent pas indifférente.
Par nécronomica
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Dimanche 18 octobre
7
18
/10
/Oct
17:00
Voilà un homme qui me permet, à intervalles plus ou moins réguliers, d'explorer
progressivement ma soumission. Il sais combien je savoure chaque instant passé entravée. Il devine peut être que je rêve de contraintes plus effectives. De celles dont il serait le seul à pouvoir
me libérer. Mais ce qui s'est joué durant ces deux petites heures, alors que j'étais enchaînée à son bureau, m'interpelle.
Je me suis trouvée confrontée à mes désirs.
Alors même que je pouvais à tout moment me libérer, j'y ai renoncé.
Il n'avait au demeurant pas été foncièrement sévère puisque j'avais accès à son ordinateur pour passer le temps. La chaîne était juste assez longue pour que mes mains puissent atteindre le clavier
et la souris. Cette contrainte, somme toute assez confortable, il m'était impossible de l'oublier. Chacun de mes mouvements me rappelait, assez bruyamment, ce choix que je faisais consciemment.
Chaque minute passée attachée apportait une pierre à l'édifice. Il n'était plus là et, pourtant, ma docilité était mise à l'épreuve. Sans autre témoin que moi.
Ce choix, il me le propose à maintes reprises lors de nos intermèdes et en sa présence. A chaque fois que ma réponse est positive, je fais un nouveau pas dans mon apprentissage.
Par nécronomica
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